Linguistique et phonétique arabes* Une introduction à la théorie néo-khalilienne
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Résumé
La théorie néo-khalilienne a pour point de départ la découverte‚ chez les plus anciens grammairiens arabes (VIIIe s.) d’une conception très originale que l’on ne retrouve chez les grammairiens arabes de basse époque que sous une forme tout à fait dénaturée (sauf exceptions). Ces anciens grammairiens et notamment al-Ḫalīl Ibn Aḥmad (VIIIe siècle) ont bien relevé la fonction essentielle du langage à savoir la communication mais ils se sont gardés d’en faire le principe explicatif exclusif des phénomènes linguistiques et ont donc soigneusement distingué ce qui relève uniquement du communicationnel de ce qui ne concerne que la structure interne de la langue. La théorie linguistique élaborée par ces vieux chercheurs a été d’abord analysée pendant de longues années puis reformulée dans un cadre logico-mathématique moderne et fait actuellement l’objet d’une exploitation systématique‚ au niveau de notre Centre‚ dans différents domaines. Les grands concepts de la théorie néo-khalilienne 1) La notion de corpus ouvert: les données recueillies par le linguiste ne différent pas de celles du biologiste ou du physicien. Dans tous les cas, la validité s’obtient par le caractère vérifiable de ces données. 2) Distinction entre la structure grammaticale et le code‚ d’une part‚ et l’usage qu’on en fait dans des actes d’énonciation‚ d’autre part. 3) La notion de structure dans cette théorie déborde celle du structuralisme postsaussurien: la structure est ici le résultat de la synthèse de la classe et de l’ordre. 4) Les unités de la langue ne sont pas nécessairement des segments (ou marginalement des accents). Il existe des dénotants abstraits aussi importants que les dénotants segmentaux ou accentuels. Exemple: le schème et la racine d’un élément nominal ou verbal: chacun d’eux dénote un sens en lui-même: la synthèse des deux dénotants donne un segment dont le sens résulte également de la synthèse des deux sens abstraits (et non de leur amalgame ou de leur juxtaposition). Cela est le résultat de l’application systématique du qiyƒs (bijection). L’axe syntagmatique est ainsi abstrait (= ne se confond pas avec la chaîne verbale) parce que. 1° il comporte des cases vides. 2° l’ordre des éléments qui le composent n’est pas nécessairement celui de la chaîne verbale. Cette analyse se différencie de la mise en correspondance harissienne par ces deux caractères précisément. 5) D’autre part‚ les transformations qui constituent ici les passages progressifs d’une séquence à d’autres plus complexes selon des règles très précises (ajouts localisés‚ avec ou sans alternance exclusive‚ combinaisons selon certains schèmes‚ changement de position. etc.) génèrent elles-mêmes les items de la langue contrairement à la grammaire générative (1957 et 1965) où la génération relève d’un 1er système qui n’est qu’une axiomatisation simple de l’analyse en C.I.
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